Aven Autran - Vaucluse - Samedi 16 et dimanche 17 février 2019

Vendredi 15 février :

Après quelques jours de repos, de préparation psychologique, de préparation des kits pour certains, et de régime à base de pâtes pour Alexandra, nous sommes gonflés à bloc pour entreprendre la descente de l’aven Autran sur le plateau d’Albion. Nous espérons évidemment aller « taper le fond ».

19h, nous nous retrouvons à Apt, Bastien, Edouard, Alex H et moi-même. A peine arrivés sur le parking, Edouard nous propose « une petite bière les gars ? »…

Après une petite balade dans Apt à la recherche d’une pizzeria (et de jeux à gratter pour Edouard), Alexandra et Alex Z nous rejoignent (beaucoup d’Alex, il va falloir suivre…). C’est d’ailleurs ce dernier, Alex Z du SCPA, qui organise cette sortie qui s’annonce mémorable.

Après un bon repas et une autre « petite bière », nous partons planter nos tentes dans une prairie de St-Christol à proximité d’une petite chapelle. A peine sortis des voitures, Edouard nous repropose « une petite bière les gars ? »…

Samedi 16 février :

7h, le réveil sonne, certains ont très mal dormi mais nous sommes ultra-motivés. Après un rapide petit-déjeuner, nous reprenons les voitures pour aller se garer à proximité de l’entrée du trou.

Après s’être équipés en bonne et due forme, et après avoir effectué la pause caca traditionnelle pour presque tous (Bastien revit), nous nous répartissons les six premiers kits de corde. Nous nous trouvons plutôt bons car nous n’avons qu’une demi-heure de retard sur le planning prévisionnel...

8h30, c’est parti, Alex Z s’engage et commence à équiper. A 11h doit entrer la seconde équipe composée d’Alain et Olivier du SCPA, Pierre du GSP et Sylvain un ancien du CAF Marseille. Ils apporteront quatre kits supplémentaires.

La première partie de la descente se passe à merveille, Alex Z équipe vite et bien. Arrivés à -109 m après une succession de petits puits et quelques petits boyaux, nous passons la traversée équipée puis arrivons … au début du grand méandre… tant redouté par nous autres néophytes de ce type d’aven : un méandre de plus de 700 m de long. Finalement nous sommes agréablement surpris : nous arrivons de l’autre côté alors que nous ne pensions n’être qu’à la moitié. Mais nous sommes encore frais et dans le sens de la descente…

Ce dernier débouche sur un sublime P103. Alexandra décide de l’équiper… bloqués derrière, nous sortons notre appareil à raclette car cela va prendre des heures… Boutade, elle s’en sort parfaitement, l’attente n’est pas si longue et le puits est impeccablement équipé malgré des points de fractionnements difficilement accessibles (#grosfayot).

Pendant l’attente, René et Charlotte, qui avaient prévu de descendre une partie du trou, nous rejoignent tout à coup à la sortie du méandre. Ils feront demi-tour à cet endroit après un brin de causette et regagneront paisiblement la surface en laissant passer la seconde équipe en cours de progression.

En bas du P103, dans une petite salle (que nous surnommerons salle du bivouac) une première pause s’impose. Après un rapide repas composé de pâtes et biscuits pour certains, Edouard et Alex H savourent leur quiche lorraine en bouillie imbibée d’eau à cause d’un bidon qui a perdu son étanchéité suite aux nombreux chocs et appuis générés dans le grand méandre…

La seconde équipe nous rejoint dans cette salle, suivie d’une bonne dizaine de personnes du SCPA, profitant des cordes installées. Ces dernières s’arrêteront à cette salle et remonteront après une pause bien méritée.

Notre équipe, à nouveau parée, récupère les quatre kits apportés par la seconde équipe. La reprise débute par un nouveau méandre, de 125 m cette fois-ci, une broutille ! Puis Alex Z, inépuisable s’élance à nouveau dans l’équipement d’une succession de puits avant d’atteindre le haut du P126, presque aussi sublime que le P103. Arrivés en bas de puits, nous sentons que nous ne sommes plus très loin du but… Un petit P4, un P29 humide… Nous entendons de plus en plus fortement le bruit d’une rivière souterraine… Et un dernier P4 nous plonge les pieds dans l’eau claire comme du cristal de cette rivière finale ! Nous sommes à -603m ! (Il est environ 19h, notion confuse de l’heure à ce moment là). La seconde équipe nous rejoint dans la foulée. Nous savourons tous les dix notre joie d’avoir atteint le fond.

Nous ne nous attardons pas, la route sera longue avant de refaire surface. Notre équipe repart, sans kit, afin de laisser la seconde équipe qui est en charge de tout déséquiper.

Nous remontons jusqu’à la « salle du bivouac » où nous prenons notre second « repas », il est 21h. Alex H, le toulousain, nous fait déguster son magret de canard séché, légèrement réhydraté par l’eau du grand méandre au même titre que la quiche d’Edouard… Mais ce dernier n’en est pas moins excellent, merci à Alex H !

Déséquiper prend du temps. Devant attendre dans cette salle la seconde équipe afin que chacun d’entre nous récupère un kit pour la remontée, nous nous emmitouflons sous nos ponchos ou couverture de survie et allumons nos bougies afin de ne pas trop subir le froid dans nos combinaisons plus ou moins trempées… Un silence religieux s’installe alors, pendant une durée de 2h, profitant d’un petit repos, dans cette petite salle, toutes frontales éteintes, faiblement éclairés par la lumière de nos bougies qui traversent nos ponchos rouges ou gris.

Puis la seconde équipe nous rejoint, et pendant que ces derniers profitent à leur tour d’une pause repas, nous récupérons leurs kits, et réattaquons par la remontée du P103, il est 23h. Personnellement en cinquième position, la vue du P103 depuis le bas, avec quatre personnes reparties sur sa longueur, chacun équipé de sa frontale, est tout simplement exceptionnelle.

Alex Z et Alexandra, plus rapide que nous, ne tardent pas à nous distancer comme convenu à l’avance. Bastien, Edouard et moi évoluons tous les trois jusqu’à la sortie, Alex H reste avec la seconde équipe dans l’attende d’un autre kit de cordes.

Dimanche 17 février :

Nous entamons donc à trois, après le P103, la traversée du grand méandre. Celle-ci ne se révèle plus du tout aussi facile qu’à l’aller, les kits de cordes étant de vrais calvaires. Nous mettons 1h à 1h30 pour le traverser.

Sortis du méandre, nous évoluons et remontons quelques puits. Etant passé en tête et prenant un tout petit d’avance, je m’égare un bref moment dans une mauvaise direction puis rattrape un peu plus tard mes deux compères qui pensaient que j’avais craqué et m’étais fait la malle en solitaire ! Nous arrivons au Triangle, particulièrement pénible à passer… « Plus que » (ou « encore ») 100 m à remonter.

Sans kit cela serait presque une promenade, mais ces derniers rendent les passages de tête de puits très fastidieux. Toutes les 5 minutes nous jetons un coup d’œil à la topo pour vérifier ce qu’il nous reste à monter.

Enfin l’air frais commence à se faire sentir. Alex H, ayant récupéré un kit, nous rattrape.

Enfin ! Un dernier P10 et nous voici enfin dehors ! Il est 5h55 du matin et il fait -3 ou -4 degrés, tout est givré autour de nous. Nous rejoignons les voitures… à pas de fourmis… car Edouard marche comme un canard « à deux à l’heure » car monsieur attend d’être à la voiture pour enfin aller se soulager après que sa quiche humide ait joué des tours à son estomac !

La voiture, enfin, nous gelons sur place dans nos combis humides et ne tardons pas à enfiler des vêtements secs.

C’est alors qu’Edouard, à peine revenu de derrière un fourré, un rouleau de papier à la main nous propose « une petite bière les gars ? ». Cette fois-ci (comme les autres d’ailleurs), nous acceptons et trinquons à notre petite victoire.

Enfin nous installons la tente 3 places de Bastien, dans laquelle nous nous fourrons à quatre afin de se reposer quelques heures avant de reprendre la route.

La seconde équipe sort vers 8h du matin, après avoir tout déséquipé.

Un grand merci à Alex Z pour l’organisation de cette sortie exceptionnelle et surtout pour avoir presque tout équipé seul, à tous pour la bonne humeur et le transport des kits, et à la seconde équipe pour le déséquipement.

TPST : 21h !